Comme je ne lis que très peu de contemporains, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre avec Changer l’eau des fleurs de Valérie Perrin. Ce roman, sorti il y a un peu plus de deux ans chez Albin Michel, a fait beaucoup de bruit tout au long de l’année 2018. Partout sur la blogosphère ou dans la presse littéraire, ce titre semblait en avoir marqué plus d’un. Oui, il s’agit d’une énième chronique venant louer la beauté de cette histoire - oui, Changer l’eau des fleurs est un véritable coup de cœur. Et oui, vous allez pleurer. Rire aussi, mais surtout pleurer.
Violette Toussaint, comme le résumé l’explique mieux que moi, est une femme haute en couleurs. Derrière ses manteaux sombres se cachent des robes fleuries et cette garde-cimetière connaît la vie de tous les résidents de son jardin. Sa vie avance tranquillement, entre les enterrements et les repas avec ses amis des pompes funèbres et le Père Cédric, mais une question reste en suspend : comment Violette en est-elle arrivée là ? À travers sa rencontre avec Julien, un policier marseillais venu enterrer sa mère, les fantômes de Violette vont refaire surface. Changer l’eau des fleurs, c’est un roman qui prend son temps. Tout au long de l’histoire, Valérie Perrin déroule la vie de Violette en la croisant parfois avec celle d’Irène, un autre personnage important appartenant au passé. Car dans ce livre, on mélange les intrigues et les chronologies, mais le tout est exécuté avec brio : jamais je ne me suis sentie dépassée par le changement d’époque ou de personnage là où, d’habitude, je suis difficilement convaincue par cette façon d’aborder une histoire. Au contraire, Valérie Perrin a réussi à rendre toutes ses intrigues intéressantes mais surtout nécessaires les unes pour les autres. Mais ce qui m’a le plus marqué, ce sont les personnages. Quelque soit leur importance ou leur présence dans l’histoire, ils sont tous dotés d’une complexité et d’une profondeur les rendant complètement uniques. Philippe est pour moi le plus réussi. À mi-chemin dans le roman, je n’aurais jamais cru pouvoir ressentir de l’empathie pour lui, et pourtant, c’est un personnage complet, construit du début à la fin, marqué par le même drame que Violette... Peut-être pas excusable, mais explicable. Ce roman est une ode à la vie ayant comme sujet principal... la mort. La mort dans toutes les significations qu’elle peut avoir : la mort du corps, de l’âme, de l’amour, du bonheur. C’est une ode à la vie justement parce que, même dans les moments les plus douloureux de l’histoire, Valérie Perrin attrape son lecteur pour le sortir de l’eau. Pour lui offrir d’autres possibilités de renaissance, pour lui permettre de rire alors que ses joues sont encore trempées de larmes. Malgré cette description mélodramatique et, somme toute, assez clichée, Changer l’eau des fleurs ne ressemble à aucun autre roman du genre. C’est en cela, je crois, qu’il a autant marqué les lecteurs : personne ne peut s’attendre à une telle histoire, même après avoir lu de nombreuses chroniques. Personne ne peut rester indifférent face à la douleur de Violette, surtout quand celle-ci est aussi magnifiquement présentée. Car Valérie Perrin est une autrice avec de la voix : si ses personnages sont aussi humains, c’est notamment grâce à une prose naturelle, parfois cruelle (certaines phrases m’ont arraché des larmes pour leur seule beauté...), mais tellement poétique. Je pourrais parler de sa plume pendant des heures, mais cette dernière parle pour elle-même : voici mon argument ultime pour vous faire lire Changer l’eau des fleurs. Vous vous devez, au moins, de le lire pour son écriture si belle et si touchante. Ce roman fut une formidable découverte. À cause de tout ce que j’ai pu lire à son sujet, j’ai eu peur d’être déçue, mais il n’en fut rien. Même avec de très hautes attentes, Valérie Perrin a réussi à me surprendre et à me briser le cœur - puis à me le recoller en un seul morceau, petit bout par petit bout. Je vous encourage, tous, à la laisser vous réparer le cœur à votre tour. Je vous promets que ça en vaut la peine.
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Cat Street, c’est donc l’histoire de Keito, hikikomori. Ce terme très dévalorisant au Japon désigne une personne coupée du monde et de la société, littéralement recluse dans sa chambre sans jamais en sortir. Ce retrait social est un trouble psychologique qui a condamné la jeune femme à ne jamais aller à l’école de ses 7 à ses 16 ans. Cette forme de dépression s’abattit sur elle après l’échec de sa carrière d’enfant-actrice, et à cause de la trahison de sa seule amie à l’époque, sa confiance en elle et en ses rêves s’est effondrée. Le manga commence donc par l’échec de la jeune fille… et raconte, tout au long des 8 tomes, sa renaissance. Entrer à El Liston, lycée actif pour les élèves déscolarisés et inadaptés à un cursus normal, sera pour Keito un moyen de rencontrer les premières personnes la comprenant vraiment. Tous les quatre, Keito, Rei, Momiji et Koichi, sont des chats errants : avec leurs personnalités extravagantes et introverties, leur décalage avec le reste du monde, leurs craintes et leurs rêves, trouver le chemin du bonheur est un périple nocturne. Et pourtant, en se rencontrant finalement, ils ont appris à être heureux. Ensemble.
A travers le thème principal – s’insérer dans une société ne prenant pas en compte les spécificités de chacun -, Yoko Kamio signe une ode à l’amitié et à la force des rêves. La mangaka ne prive aucun de ses personnages de complexité et de qualités. Il n’y a pas de bons ou de mauvais, il n’y a que des êtres fêlés exprimant avec peine leurs insécurités. Keito est une héroïne à laquelle je me suis beaucoup identifiée. Ce n’est ni le lieu ni le moment de m’épancher sur ma vie personnelle, mais finalement rencontrer des personnes extraordinaires après des années de solitude m’a procuré les plus grands moments de bonheur de ma vie. Quand j’étais plus jeune, ces mangas me touchaient déjà énormément. Mais je pense que ceux ayant vécu une adolescence compliquée pourront d’autant plus comprendre Keito. Enfin, parlons des dessins. Encore une fois, je ne lis pas beaucoup de mangas, mais je peux vous assurer que ceux-ci sont particulièrement magnifiques. La douceur des traits de Kamio me semble convenir parfaitement à l’état émotionnel dans lequel je me suis retrouvée en fermant le dernier tome : apaisée. Ma conclusion tient en trois mots : lisez cette série.
Son destin tragique est celui d'une femme douée dé talents, d'une beauté et d'une énergie exceptionnels, à la fois démesurément ambitieuse et profondément blessée par une histoire familiale douloureuse, puis par l'échec de son mariage. Son cheminement est celui d'une femme de lettres dans la création, avec ses passions, ses luttes et ses contradictions. L'histoire de sa vie se confond avec la détermination à faire de soi un grand écrivain et à en payer le prix. J'ai découvert Sylvia Plath l'an dernier, assez par hasard, alors que je cherchais à élargir mes connaissances poétiques. Ses poèmes, que j'ai tout de suite décidé de lire en VO, m'ont donné du fil à retordre. Non seulement il est bien plus difficile de lire un poème dans une langue étrangement que ce que je croyais, mais de plus, cette barrière linguistique m'a rapidement gênée dans la compréhension et l'analyse d'une oeuvre complexe qui m'intéressait de plus en plus, jour après jour. Ma famille a donc eut la brillante idée de m'offrir cette biographie française pour Noël. Comme je n'en lis pratiquement jamais, je n'aurais sans doute par pris l'initiative de me la procurer moi-même. Je peux maintenant le dire : ce fut un cadeau merveilleux.
J'ai longtemps cru que les biographies n'étaient que des énumérations indigestes de faits précis et décousus. Qu'est-ce que nos préjugés peuvent être stupides ! Dans Mourir pour Vivre, nous parcourons la vie de Sylvia de sa naissance à son suicide à l'âge de 30 ans, certes, mais chaque fait relaté dans ce livre fait écho à un autre et, plus généralement, est en lien direct avec l'enfance de la poétesse. Sans doute serait-il réducteur ou maladroit de qualifier cette biographie de psychanalyse de Sylvia Plath, et pourtant, Patricia Godi a fait un travail colossal pour permettre à ses lecteurs de mieux comprendre celle femme blessée et son oeuvre marquée par le décès prématuré du père (et sa recherche de figure paternelle...). Cette biographie relate d'une métamorphose, du traumatisme d'abandon d'une jeune enfant à la rébellion d'une femme accablée par le manque de crédit accordé aux femmes en son époque, et précisément aux femmes artistes. Son rapport à la maternité m'a également beaucoup intéressé. Sylvia n'a pas toujours été la femme affranchie et révoltée qui signa Ariel, son recueil le plus célèbre ; Patricia Godi nous fait découvrir, à travers une analyse remarquable, le paradoxe de la poétesse, ses craintes et ses espoirs, le décalage entre la facette qu'elle dévoilait au monde artistique et sa propre opinion d'elle-même. Découvrir Sylvia Plath à travers Patricia Godi m'a ouvert la porte de son univers que je n'ai pas tardé à franchir. J'ai en ma possession un recueil, une éditions des journaux de la poétesse mais surtout The Bell Jar, son célèbre roman, que je n'ai pas tardé à commencer après ma lecture de Mourir pour Vivre. Grâce à cette biographie, j'ai pu lire le roman en assimilant immédiatement les événements de la vie de Sylvia et ceux de son personnage, Esther Greenwood. Je suis donc très heureuse d'avoir reçu ce livre que je recommande à tous ceux qui souhaiteraient s'intéresser à la magnifique Sylvia Plath. Il est parfait, en tout point.
J’ai découvert Outlander grâce à son adaptation en série Netflix. Si j’ai toujours passé un bon moment en regardant cette dernière, elle ne m’a pas toujours transcendée – je trouvais les épisodes assez inégaux en termes de qualité d’intrigue, comme si la division en épisodes avait été réalisée à la va-vite pour correspondre à un nombre d’épisodes précis. Malgré tout, je trouvais le scénario de cette histoire très bien ficelé et l’univers m’a rapidement manqué quand j’ai brusquement arrêté mon visionnage au cours de la saison 3. Alors, quoi de mieux pour s’y replonger que de se procurer le premier tome de la saga ?
Spoiler : c’était une excellente idée ! J’ai toujours aimé les romans historiques ou en lien avec l’histoire. Avec Outlander, vous êtes doublement servis ! Au début du roman, comme l’explique le résumé, nous suivons Claire Beauchamp et son époux Frank Randall dans leur lune de miel en Ecosse, le tout dans une atmosphère d’après-guerre que j’ai beaucoup aimée. Je ne me suis jamais vraiment intéressée aux histoires se déroulant dans les années 40/50 et cette lecture m’a donnée envie de m’y intéresser de plus près. Mais ce n’est pas là l’époque la plus importante d’Outlander ! Claire nous emmène bien malgré elle dans une Ecosse du XVIIIème siècle bouleversée par de nombreux soulèvements d’Highlanders. Ce voyage dans le temps inexplicable aurait pu, s’il avait été moins bien décrit, me paraître si peu crédible que j’aurais certainement (mon tic favori) levé les yeux au ciel. Et pourtant, grâce aux pensées de Claire, nous voyageons littéralement avec elle. J’y vois là l’un des gros points forts de ce roman : entraîné lui-aussi à travers les pierres, le lecteur ne quitte jamais d’une semelle les personnages de Diana Gabaldon. C’est un véritable roman d’aventure et découvrir avec Claire cette Ecosse d’hier m’a passionné. Les personnages sont également très bien construits, mais je peux d’ores et déjà vous dire que je les préfère dans la série Netflix. Bien sûr, il n’y a pas de réel changement dans leur histoire et leur évolution, pourtant, j’ai trouvé que la Claire du roman pouvait parfois manquer du caractère piquant qui la caractérise à l’écran. Mais je pense que ce qui m’a le plus dérangé dans cette lecture, c’est la relation entre nos deux personnages principaux. Ce défaut vient, à mes yeux, de l’écriture de Gabaldon : si l’autrice est très douée pour décrire les lieux et découvertes de son héroïne, la romance arrive comme un cheveu sur la soupe en plein milieu du bouquin ! Puisque pratiquement tous les événements sont décrits sur le même ton, Claire semble très détachée de son amour pour Jaime là où ses actes semblent dire le contraire. La romance que j’avais su apprécier dans la série m’a déçue à l’écrit. Mais je compte tout de même lire la suite : en faisant abstraction de cela, j’ai tout de même passé un très bon moment de lecture qui m’a permis de me remettre à la série ! En effet, quelques jours après ma lecture, les personnages et l’Ecosse m’ont vite manqué. Outlander est l’une de ses sagas très addictives qu’il est difficile de se sortir de la tête… En conclusion, je suis contente d’avoir choisi de lire ce premier tome. Certaines de mes attentes ont été déçues, d’autres très agréablement surprises, et j’ai décidé de donner sa chance à la suite. |
AuteurMathilde, 17 ans, passionnée de lecture et d'écriture ! Retrouvez moi sur Instagram et Booktube ! Archives
Mai 2020
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